Stade Toulousain : autopsie d’un club en crise

Si les Rouge et Noir réalisent un début de saison honorable, le naufrage de la saison passée a laissé des traces, et le club demeure économiquement aux abois. Plongée inédite dans les coulisses d'une crise qui dure.

Stade Toulousain Lacroix
Didier Lacroix (au centre), président du Stade Toulousain. Matthieu Sartre/Magazine Boudu

C’est l’histoire d’une chute vertigineuse, celle du meilleur club de rugby des trente dernières années. Fort de dix‐neuf titres de champion de France et de quatre coupes d’Europe, le Stade Toulousain est un géant de l’ovalie française. Mais c’est un colosse aux pieds d’argile, déficitaire depuis cinq ans. Le 23 novembre, le conseil de surveillance du Stade toulousain a entériné le principe d’une recapitalisation du club avant la fin de la saison. Selon nos informations, les pertes de l’exercice 2016 se chiffreraient au moins à 2,5 millions d’euros. L’assemblée générale du 18 décembre s’annonce déterminante pour l’avenir des Rouge et Noir, car elle permettra de connaître l’ampleur des besoins en cash pour renflouer les caisses du club.

La saison 2016–2017 a été catastrophique : les coéquipiers de Thierry Dusautoir se classent à la douzième place du Top 14, juste devant les deux équipes relégables. Pour la première fois depuis 41 ans, les Rouge et Noir ne disputent pas la phase finale du championnat au printemps. Un choc dans la Ville rose. Le changement à la tête du club devient inévitable. Le 1er juillet, après 25 ans de règne, le président René Bouscatel laisse son fauteuil à Didier Lacroix. « Mon rôle est de rendre le Stade Toulousain le plus beau possible, clame l’ancien troisième ligne des Rouge et Noir. Le club est fort quand il est stable. Il est faible quand il est divisé. Je serai particulièrement agressif dès lors que les intérêts personnels seront supérieurs à l’intérêt du club. » Didier Lacroix secoue le vestiaire en se séparant du coach des trois‐quarts Jean‐Baptiste Elissalde et en écartant le directeur sportif Fabien Pelous. Sous la houlette de l’entraîneur en chef Ugo Mola, l’équipe réussit un premier tiers de saison honorable. Le sportif a retrouvé des couleurs. Mais l’urgence économique n’a pas disparu. La direction nationale d’aide et de contrôle de gestion (DNACG), le gendarme financier du rugby professionnel, rode encore autour du stade Ernest‐Wallon.

Un club économiquement aux abois

La dernière recapitalisation du club remonte à 2014. Le Stade est – déjà ! – en déficit financier et il faut agir vite. René Bouscatel se tourne alors vers Fiducial, société de services aux entreprises présidée par Christian Latouche, qui sponsorise le club depuis 2008. En injectant 2 millions d’euros, la société Fiducial acquiert 10% des parts et devient le premier actionnaire privé. L’association Stade Toulousain Rugby en possède 51%, celle des Amis du Stade, propriétaire d’Ernest-Wallon, 25%, et des petits porteurs se partagent les 14% restants. D’après nos sources, le pacte d’actionnaires signé à l’époque comporte des clauses particulièrement favorables à Fiducial. La société possède notamment un droit de préférence, en vertu duquel elle sera sollicitée en priorité lors de l’augmentation de capital à venir. Ce n’est pas tout : Fiducial détient également un droit de rachat. Dans l’hypothèse où, plutôt que de participer à l’augmentation de capital, la société déciderait de s’en retirer, le Stade Toulousain devrait …

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Publié le

Temps de lecture : 11 minutes

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Par Philippe Kallenbrunn

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