Lobbying : comment Airbus dicte sa loi à Bruxelles

Le constructeur aéronautique figure sur le podium des organisations qui ont le plus de contacts avec la Commission européenne. Il agit également au sein de plusieurs lobbys sulfureux. Mediacités a décortiqué dans le détail cette activité méconnue et peu reluisante de l'avionneur toulousain.

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Airbus mène un lobbying intense à Bruxelles, notamment sur la question des émissions de CO2 des avions. Creative Commons

C’est une activité méconnue et pourtant cruciale d’Airbus. Depuis décembre 2014, le constructeur aéronautique toulousain a rencontré à 121 reprises la Commission européenne. L’entreprise figure ainsi sur le podium des organisations les plus actives en matière de lobbying, en troisième position derrière l’association patronale BusinessEurope (175 réunions), dont le Medef est membre, et Google (161).

Ces chiffres sont extraits de la base de données Integrity Watch qui recense les activités de la Commission européenne. Airbus compte 11 lobbyistes accrédités à Bruxelles, équivalant à 6,5 plein temps. Les dépenses annuelles de l’avionneur pour le lobbying sont estimées entre 1,75 et 2 millions d’euros rien que pour l’année 2015 !

Les principaux lobbys européens
Infogram
Mediacités a décortiqué dans le détail l’activité bruxelloise de l’entreprise toulousaine. Et a été de surprise en surprise. Car les actions menées sont parfois très contestables. Logiquement, on trouve la slovène Violeta Bulc, commissaire européenne aux Transports, en première position des personnes ayant eu le plus de contacts avec Airbus et ses lobbyistes (sept rencontres en trois ans), entre les déjeuners de travail, les visites d’usines et autres rencontres. S’y ajoutent les nombreuses réunions avec les membres de son cabinet, notamment Joshua Salsby (six rencontres) et Matej Zakonjsek (quatre). Les rejets de CO2 des avions figurent parmi les sujets les plus récurrents.
Émissions de CO2 : Les « lignes rouges » d’Airbus

Les émissions de gaz à effet de serre de l’aviation internationale représentent 2 à 3% du total des émissions mondiales. Sa part devrait encore largement augmenter puisqu’un doublement du trafic passager est attendu d’ici à 2034. Pourtant, en 2015, le secteur avait été honteusement oublié lors de la COP 21.

Selon l’ONG Coorporate Europe Observatory, l’Association internationale du transport aérien (IATA), lobby qui regroupe les compagnies aériennes, « a soigneusement veillé à ce que les négociations sur le climat à Paris excluent l’aviation de leur champ ». En octobre 2016, l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), qui dépend des Nations Unies, a finalement adopté un mécanisme de limitation des émissions carbone du secteur.

En matière de lutte contre les émissions de gaz à effet de serre, l’aviation avance cependant très au ralenti. L’accord ne prévoit que de limiter d’ici à 2035 les émissions carbone sur des niveaux observés en 2020. Le processus doit démarrer en 2021 sur la base du volontariat des pays membres de l’OACI, avant de devenir obligatoire en 2027 …

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Par Sylvain Morvan

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